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Due ragazze adolescenti si scattano un selfie.

Image & représentation de soi

Poster des selfies sur Instagram et sur Snapchat, se présenter dans des vidéos YouTube, liker et partager les photos d’amis : sur Internet, la mise en scène est pour les jeunes un moyen non seulement de reconnaissance, mais aussi de construction de leur identité. Pourtant, dans le monde numérique, la réalité est souvent déformée et peu représentative. Les idéaux de beauté irréels, la vie prétendument parfaite des stars et la pression liée au nombre de clics, d’amis et de likes peuvent avoir des répercussions négatives sur l’estime de soi et sur l’image de son propre corps. Il est essentiel de garder confiance en soi et de rester critique quant à la réalité numérique. En qualité d’interlocuteurs, les parents peuvent encourager cette réflexion.

56%
DES 12-19 ANS EN SUISSE se rendent sur Instagram plusieurs fois par jour. (JAMES 2024)
15%
DES FILLES DE 12-19 ANS POSTENT RÉGULIÈREMENT DES MESSAGES PUBLICS SUR LES RÉSEAUX SOCIAUX. (JAMES 2022)
58%
DES 13-16 ANS SE TROUVENT TROP GROS OU TROP MAIGRES (PROMOTION SANTÉ SUISSE 2016).
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Bon à savoir

Selfies, idéaux de beauté, Photoshop... et estime de soi

Les médias sociaux comme Instagram ou Snapchat contiennent principalement des photos sur lesquelles les utilisateurs se montrent sous leur meilleur jour et donnent à leur communauté un aperçu de leur vie. La mise en scène doit dégager une impression positive : le but est de paraître cool et populaire. Les sentiments négatifs ne sont pas bien vus. Les selfies (des photos de soi-même, seul ou à plusieurs) ont particulièrement la cote : en vacances, à la maison ou au magasin, le smartphone est toujours à portée de main pour prendre une photo.

Instagram et Snapchat sont devenus les → médias sociaux préférés des jeunes Suisses. En moyenne, les jeunes ont 531 contacts sur Instagram et 154 sur Snapchat (étude JAMES 2018).

Ils utilisent aussi souvent des services de messagerie instantanée comme WhatsApp pour partager des photos et des vidéos. Parmi les les 12-19 ans, 97 pour cent utilisent quotidiennement ou plusieurs fois par semaine ce genre d'application pour discuter. Les trois quarts des jeunes font des fotos ou vidéos regulièrement et les deux tiers aiment ausso les envoyer au moyen de leur téléphone. Les filles utilisent les réseaux sociaux de manière plus intensive que les garçons; elles font aussi plus souvent des photos ou des vidéos (86 %, garçons: 62 %) et les envoient plus fréquemment (74 %, garçons: 54 %). (étude JAMES 2020)

Sur les médias sociaux, la photo de profil est l'équivalent d'une carte de visite. Pour obtenir de l'attention, il est souvent nécessaire de mettre parfaitement en scène son profil, y compris son propre corps. Mais quand bien même un profil n'est créé que pour s'amuser, il faut se poser les questions suivantes :

  • Est-ce que je montre une photo authentique de moi-même, ou une photo de moi tel que j'aimerais paraître ? Ou peut-être celle de ma star préférée ?
  • Est-ce que je retravaille mes photos et mes vidéos à l'aide d'un logiciel de retouche afin de gommer mes défauts, ou est-ce que je les publie telles quelles ?
  • Est-ce que je choisis une représentation de moi-même qui plaira à mon cercle d'amis, ou qui reflète les stéréotypes de genre et des idéaux de beauté du moment ? Ou est-ce que je me présente en restant fidèle à ma personnalité et à mes valeurs, et en affichant mon état d'esprit actuel ?
  • Est-ce que je ne montre que des sentiments positifs, ou est-ce que je peux aussi exprimer de la tristesse et du mécontentement ?
  • Que signifie « vêtements appropriés » pour moi, et ce qui vaut pour mon quotidien vaut-il aussi sur Internet ?
  • Pourrais-je supporter le fait que mes parents voient mes vidéos et mes photos ? Ou encore mes professeurs ou mes chefs ?
  • Quand je partage une image ou une vidéo, est-ce que j'ai conscience que je peux recevoir des réactions négatives en réponse ? Est-ce que j'ai une stratégie pour faire face à de tels cas ?

Le sexisme sur Internet

Les réactions face à un selfie dépendent beaucoup du sexe de la personne qui le poste. Le selfie en bikini suscitera plutôt insultes et dévalorisation, tandis que celui d'un torse bien formé, perçu comme "masculin", attirera bien davantage de compliments et d'admiration. La différence de traitement entre les deux peut aller loin. Des images suggestives sont ensuite diffusés sans l'accord des personnes en photo. Ils ou elles subissent alors des réactions de haine (shitstorm), et non les personnes qui partagent ces photos.

 

Les jeunes ont leur propre définition de la sphère privée. Si par exemple certains adultes séparent leur vie personnelle de leur vie professionnelle, les jeunes veulent plutôt prendre leurs distances avec leurs parents et le monde des adultes. Ils veulent choisir eux-mêmes avec qui ils partagent leurs secrets. Ils accordent certes de l'importance à leur sphère privée et règlent en conséquence leurs paramètres de confidentialité sur les médias sociaux, mais ils ne sont pas toujours très prudents en ce qui concerne leurs posts. Ils veulent obtenir des réactions, évaluer l'image qu'ils donnent d'eux-mêmes et tester les limites. En outre, ils ne font pas toujours preuve d'esprit critique lorsqu'il s'agit d'accepter des personnes inconnues en tant qu'amis sur les réseaux sociaux. Ce paradoxe fait partie intégrante de l'adolescence.

 

Les influenceurs et les influenceuses sont les stars de la jeune génération d'Internet. Ils sont à la fois des idoles et des exemples pour beaucoup d'adolescents. Grâce à leurs immenses communautés de fans, leurs photos, leurs publications et leurs vidéos sur Instagram, YouTube, Snapchat ou TikTok sont vues des millions de fois, ce qui leur rapporte de l'argent.

En Suisse, les plus connus sont des sportifs d'élite, des musiciens ou des mannequins, mais on trouve aussi des jeunes qui ont réussi à se faire un nom grâce à du marketing sur les réseaux sociaux. Sur YouTube, les vidéastes tournent souvent leurs vidéos chez eux, ce qui crée un sentiment de proximité et d'intimité.

Trois quarts des jeunes Suisses ont au moins un vidéaste préféré, qui varie selon les régions linguistiques et qui provient très souvent d'un pays voisin. Parmi les thèmes favoris, on retrouve les catégories « Do it yourself », Beauté, mais aussi Humour et Jeux (par ex. vidéos Let's Play → Jeux vidéo) (étude JAMES 2016).

Les entreprises se servent des influenceurs et influenceuses et de leurs canaux sur les réseaux sociaux comme plateformes de placement de produits, que ce soit en leur faisant porter des vêtements ou des accessoires de sponsors, tester et recommander des produits ou commenter des jeux vidéo. De telles associations bénéficient aux entreprises puisqu'elles leur permettent d'influencer la manière de consommer des enfants et des jeunes. Une étude allemande (Kommission für Jugendmedienschutz, 2021) montre que les adolescents sont souvent attirés par des offres limitées dans le temps, mais aussi par des concours, des codes de réduction ou par le fait que l’implication dans une communauté en ligne n'est possible qu'après un achat. 

Les parents et les enseignants feraient donc bien d'aborder avec leurs enfants et leurs élèves la question des intérêts et des gains économiques qui se cachent derrière les idoles d'Internet. Il s'agit de produits, mais aussi de valeurs : les influenceurs et influenceuses véhiculent des stéréotypes de genre et des idéaux de beauté qu'il convient de regarder d'un œil critique.

En outre, toutes les communautés de fans ne sont pas aussi grandes qu'elles le paraissent. Une analyse menée par la SRF sur les influenceurs et influenceuses ayant le plus de succès a montré que nombre de leurs abonnés sont en réalité de faux profils (→ Fake News & manipulation). En l'occurrence, plus de la moitié des abonnés sont des faux chez 20 des 115 personnes étudiées (SRF 2017).

Il arrive de plus en plus souvent que des enfants deviennent de véritables stars des réseaux sociaux, et donc suscitent l'intérêt de l'industrie publicitaire. Une étude allemande a passé au crible les enfants et les familles les plus appréciés sur YouTube et a relevé les risques suivants :

  • les enfants peuvent se sentir mis sous pression
  • l'utilisation de stéréotypes de genre est commune 
  • la sphère privée des enfants est violée → Sécurité & protection des données 
  • les enfants sont filmés dans des situations embarrassantes ou bouleversantes émotionnellement
  • des photos d'enfants en tenue légère (par ex. en maillot de bain ou en tenue sportive) peuvent éveiller l'intérêt sexuel d'utilisateurs → Sexualité & pornographie
  • la diffusion de données sensibles (domicile, lieu de vacances, etc.) permet de savoir où réside l'enfant → Sécurité & protection des données.

Par ailleurs, les vidéos suggèrent une réalité illusoire avec laquelle l'enfant spectateur va établir une comparaison. (Source : Kinder als YouTube-Stars, jugendschutz.net 2019)

La culture numérique et l'accélération des changements sociaux marquent les jeunes et leur développement. Le rôle assumé auparavant par la famille ou l'école est désormais de plus en plus repris par les médias et les réseaux sociaux.

Ils aident les jeunes à s'orienter et les influencent dans leur manière de penser et d'agir, leurs idéaux et le choix de leur mode de vie. Les principaux modèles des jeunes ne sont plus les adultes de leur entourage, mais leurs amis, les stars ou leurs idoles.

Pendant toute leur adolescence, les jeunes cherchent à répondre aux questions « Qui suis-je ? » et « Qui ai-je envie d'être ? ». Les médias jouent alors un rôle double : d'un côté, via leurs contenus, ils donnent accès à des réalités (parfois trompeuses), et véhiculent des valeurs et des stéréotypes ; de l'autre, ils constituent une plateforme (en particulier les réseaux sociaux) qui peut servir à l'expérimentation. Les jeunes peuvent y tester différentes identités et voir quelles images ils donnent d'eux-mêmes. Combien de likes pour ma nouvelle photo ? Quel genre de commentaires vais-je recevoir sur ma vidéo si je la partage avec mes amis ? De nouvelles facettes de l'identité apparaissent, s'assemblent et se développent ainsi en permanence. « Je poste, donc je suis » signifie que la perception de soi-même et le développement de valeurs évoluent aussi via des échanges dans le monde numérique.

« Pour de nombreuses filles, la création de matériel vidéo est un aspect important de l'évolution de leur identité sexuelle. Elles photographient leurs nouvelles coiffures et leurs nouveaux vêtements que leur groupe d'amies évalue en écrivant des commentaires ou en attribuant des likes. Les garçons, quant à eux, misent davantage sur les jeux vidéo, leur permettant de se livrer à des compétitions, ou bien se laissent porter de vidéo en vidéo sur YouTube. [...] Les youtubeurs leur servent d'exemple et leur fournissent des modèles de rôle, les soutenant ainsi dans l'évolution de leur identité sexuelle. » (étude JAMES 2020)

Mais il existe aussi des risques, par exemple lorsqu'un selfie déclenche des réactions haineuses ou offensantes (→ Cyberharcèlement). Aussi, le manque de relations dans la vie «réelle» peut mener à utiliser de manière excessive certains médias numériques (→ Cyberdépendance). Et enfin, pour les jeunes qui ont de la peine à se construire une image cohérente et saine d'eux-mêmes, leur utilisation des médias peut les mener vers des comportements narcissiques ou à s'identifier à des modèles problématiques (par ex. troubles de l'alimentation).

Que ce soit dans la publicité ou sur les réseaux sociaux, les photos ne représentent bien souvent pas la réalité. Peau impeccable, cheveux brillants et silhouette parfaite, muscles saillants, barbe uniforme et pommettes marquées : grâce aux filtres des applications et à Photoshop, tout cela est possible. Ce phénomène crée de toutes pièces un idéal de beauté inatteignable devenant également un modèle à suivre pour nombre de jeunes, qui lui associent réussite et reconnaissance.

En France (depuis 2017) et en Norvège (depuis 2022), il est obligatoire de signaler comme telles les photos modifiées ou retouchées. Ces dispositions s’appliquent aux médias classiques, à la publicité, mais aussi explicitement aux réseaux sociaux et aux influenceurs et influenceuses.

Sont notamment considérés comme des retouches :

  • les ajustements de la forme du visage ou du corps (réhausser les pommettes, rapetisser le nez, amincir la taille, affiner les cuisses, allonger les jambes, gonfler la poitrine, muscler les bras, élargir les épaules, etc.) ;
  • les modifications de caractéristiques visibles (dents, lèvres, sourcils, cils, yeux, coiffure, volume ou longueur des cheveux, tempes dégarnies ou calvitie, etc.) ;
  • le maquillage numérique ;
  • les transformations de la peau (masquer taches de vin, rides, taches de rousseur, taches de naissance, acné, cellulite, vergetures, etc.).

L’image que l’on a de son propre corps se compose de quatre aspects (Promotion Santé Suisse) :

  1. comment nous nous percevons, l’image que nous avons de notre corps – image qui peut différer grandement de la réalité ;
  2. comment nous nous sentons dans notre corps, notre degré de satisfaction de notre apparence, de certaines parties de notre corps ou de notre poids ;
  3. ce que nous pensons de nous-mêmes sur la base des sentiments liés à la perception de notre corps – en relation avec la conviction que l’on doit paraître de telle manière ou que telle chose est considérée comme belle (par ex. tablettes de chocolat) ;
  4. comment nous nous comportons, notamment lorsque nous n’aimons pas notre apparence : est-ce que j’évite le maillot de bain ? À quelle fréquence vais-je à la salle de sport ?

Il est important pour sa santé physique et psychique d’avoir une image positive de son propre corps. Aimer son apparence physique permet de développer une estime de soi stable, de prendre soin de son corps et de remettre en question les idéaux de beauté imposés par la société et les médias. Le « body positive » est un mouvement qui vise à se détacher des idéaux uniformes classiques et à promouvoir une compréhension plus vaste et diversifiée de la beauté se concentrant sur les caractéristiques individuelles de chacun.

L’industrie de la publicité continue d’alimenter, à peu d’exceptions près, un type de beauté considéré comme idéal. Les photos, affiches et annonces publicitaires sont souvent modifées, mais elles ne sont pas les seules : les photos retouchées sont également légion sur les réseaux sociaux.

Une telle déformation de la réalité peut avoir une influence négative sur l’image de leur propre corps que se font les jeunes, qui se montrent extrêmement critiques envers lui dès la puberté. L’utilisation des réseaux sociaux peut donc conduire les jeunes à ne pas aimer leur apparence et à penser que leur vie est ennuyeuse, ce qui diminue leur propre estime. Dans des cas graves, cela peut déclencher des peurs ou mener à une dépression, voire faire naître des tendances suicidaires. Une étude allemande a par exemple montré que, parmi les jeunes ayant une utilisation malsaine des réseaux sociaux, un tiers présentait les symptômes d’une dépression (DAK 2018). Toutefois, il se peut aussi que des jeunes psychiquement fragiles passent davantage de temps sur les réseaux sociaux pour moins ressentir la solitude et l’isolement. Le lien de cause à effet n’est donc pas si clair. Plusieurs études s’accordent néanmoins pour affirmer qu’il existe une corrélation aggravante et donc néfaste pour la santé.

Le terme « genre » désigne le sexe sociétal ou social, vécu et ressenti, à la différence du sexe biologique, déterminé à la naissance en fonction des attributs sexuels. Le « genre » exprime la perception de soi, l’estime de soi ainsi que les attentes et les rôles en fonction du sexe. Dans une perspective de genre, ces rôles ne sont pas innés, mais déterminés par une culture et une société ; ils sont donc susceptibles d’être modifiés.

Les médias et la culture numériques exercent une grande influence sur les enfants et les jeunes. Ils font office de guide dans un monde complexe et offrent des possibilités d’identification pour le développement de leur propre personnalité. Cependant, la représentation des genres dans les médias est souvent stéréotypée, surtout dans la publicité, les clips, les jeux vidéo et la pornographie. On y montre des garçons indépendants, musclés et dominants, tandis que les filles sont sexy, fragiles et sensibles. Plusieurs études montrent que les enfants de dix ans sont déjà imprégnés de tels stéréotypes de genre et qu’ils adoptent ainsi un regard biaisé (Global Early Adolescent Study 2017).

Photos des studios de fitness ou de femmes en bikini, publications donnant des conseils d'alimentation et d'entraînement, journaux de perte de poids... Les réseaux sociaux regorgent de soi-disant idéaux de beauté qui influencent les jeunes dans la perception qu'ils ont de leur propre corps. Cette influence devient problématique lorsque le besoin de perdre du poids ou de gagner du muscle met la santé en danger, par exemple en entraînant des troubles de l'alimentation comme l'anorexie ou la boulimie, ou en tombant dans la folie du sport à tout prix.

Promotion Santé Suisse a interrogé des jeunes âgés de 13 à 16 ans sur l'image qu'ils ont de leur propre corps et a constaté que plus ils arrivent à tenir à distance les représentations données par les médias, plus ils sont satisfaits de leur corps (2015/2016). Les garçons souhaitent avant tout être musclés ; plus de la moitié des garçons interrogés seraient plus heureux de leur corps s'ils étaient plus musclés. Neuf garçons sur dix font de la musculation en Suisse alémanique, contre 56 % en Suisse romande. Chez les filles, le culte de la minceur prédomine encore et toujours, même si elles ont également de plus en plus tendance à faire du sport et à chercher à avoir un corps bien modelé. Six filles sur dix se trouvent trop grosses en Suisse alémanique, contre une sur deux en Suisse romande, où 36 % des filles souhaitent également être plus musclées.

Sur Internet, ces tendances se reflètent par exemple sur Instagram, Pinterest ou Tumblr : dans le domaine du sport, il existe des mots-clés comme #fitspo, #fitspiration, #instafit, #nopainnogain, etc. qui rassemblent de grandes communautés. Tandis qu'il y a quelques années, les troubles de l'alimentation comme style de vie étaient promus avant tout par des sites Internet pro-ana (anorexie) ou pro-mia (boulimie), aujourd'hui, les jeunes s'encouragent mutuellement, avec des photos et des défis portant des mots-clés comme #thighgap, #a4waist ou #collarbonechallenge, à être les plus minces possible en prenant comme outils de mesure l'espace entre les cuisses, la possibilité de faire disparaître son tour de taille derrière une feuille A4 ou celle d'utiliser le creux de la clavicule pour y faire tenir le plus de pièces de monnaie possible. En parcourant les profils les uns des autres, les jeunes entrent en contact et forment ensuite des groupes fermés (par ex. sur WhatsApp) dans lesquels ils se motivent à perdre du poids et échangent des conseils de régime. Les pressions ne sont pas rares : quiconque n'atteint pas les objectifs fixés se fait maltraiter par le groupe ou en est exclu. En outre, on ne sait pas toujours qui se cache derrière un profil.

D'après des services spécialisés, on assiste à un phénomène de sexting lié à l'anorexie (→ Sexualité & pornographie) : des hommes se cachent sous une fausse identité pour inciter les jeunes filles à perdre du poids et à publier des photos d'elles-mêmes. Certains d’entre eux se présentent comme des coaches en anorexie, ou ana coaches. Ils cherchent à entrer en contact avec une fille ou avec un groupe en promettant à leurs victimes de les aider à perdre du poids. Ils leur fixent ensuite des règles très strictes (par ex. le nombre maximal de calories qu’elles peuvent consommer par jour) et demandent des photos comme preuves que les règles sont bien respectées. Ils abusent de leur position de pouvoir pour exiger toujours davantage, notamment des photos à caractère sexuel ou des autopunitions qui doivent être filmées.

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À quoi faut-il faire attention?

  • Sur Internet, les images ne représentent pas toujours la réalité. Elles sont souvent retouchées, ou n'illustrent que les meilleurs aspects ou les plus beaux moments.
  • Il faut toujours garder cela à l'esprit, surtout lorsqu'on tombe sur une photo ou une vidéo totalement géniale, au point de nous rendre jaloux.
  • Tester différentes mises en scène, c'est amusant. Mais on devrait toujours se demander : Est-ce vraiment moi ? Est-ce que ça me correspond ? Quelle est l'image de moi que je veux donner aux autres ?
  • Il peut être utile d'adopter une autre perspective : Que penseraient mes amis, ma famille ou d'autres personnes en voyant mes photos ? 
  • Les photos de profil et les selfies reflètent aussi une certaine image de la réalité et propagent souvent de manière irréfléchie des stéréotypes de genre. Là aussi, on devrait se poser la question : Est-ce que je veux vraiment me montrer sous cet angle ?
  • Trouver son propre style, son vrai style, ça aussi, ça fait plaisir.
  • Quiconque publie des photos de soi sur Internet sans réfléchir et sans faire preuve de prudence risque de se retrouver victime de stalking (traque obstinée et furtive), de déferlements de haine ou de cyberharcèlement.
  • Et en exposant toute sa vie sur le net, on risque de perdre sa sphère privée ou de voir ses données personnelles utilisées frauduleusement.
  • De temps en temps, il faudrait revoir son profil et supprimer les contenus gênants ou pouvant occasionner des réactions désagréables. Mais ne jamais oublier que, sur Internet, les contenus sont souvent difficiles à supprimer définitivement. Il vaut donc toujours mieux prendre le temps de réfléchir avant de poster une photo.
  • La comparaison sociale sur Internet et la confrontation permanente à un monde des médias parfait en apparence peuvent mener à une dépréciation de soi, et ainsi entraîner troubles alimentaires, de la dépression, des pensées suicidaires, voire le suicide – ou renforcer ces tendances.
  • Si l'on se surprend à avoir de telles pensées, il faut absolument se tourner vers une personne de confiance ou rechercher de l'aide (anonyme). → Autres informations utiles

Attention

Les images sur Internet sont souvent mises en scène et embellies.

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Que peuvent faire les parents ?

De manière générale, il faut accompagner les jeunes dans la construction d'eux-mêmes, dans leur recherche de reconnaissance et de relations satisfaisantes sur les réseaux sociaux.

  • Accompagner votre enfant dans ses réflexions : comment souhaite-t-il apparaître sur Internet ? Quelle image de lui-même veut-il donner à travers ses photos et ses vidéos ?
  • Expliquez que l'apparence n'est pas le seul élément qui rend une personne attirante aux yeux d'une autre. Il y a aussi ce que l'on dégage, l'humour, le charme, l'intérêt mutuel, etc. Quoi qu'il en soit, l'authenticité vaut toujours mieux que l'artificiel.
  • Discutez avec votre enfant de ce en quoi il diffère des autres, de ses qualités, de ses talents : vous renforcerez ainsi sa confiance en lui.
  • Demandez-lui à quelles stars il s'identifie et quels sont ses idéaux de beauté.
  • Encouragez-le à se comparer à des personnes de son entourage immédiat plutôt qu'à des profils fabriqués de toutes pièces et qui font miroiter une vie parfaite.
  • Aidez-le à comprendre que les faiblesses et les imperfections font partie de la vie.
  • Dites-lui de se tourner vers une personne de confiance lorsqu'il doute de lui-même, qu'il a l'impression d'être trop gros ou trop laid, ou que les autres savent tout mieux que lui.
  • Discutez avec votre enfant des stéréotypes de genre (par ex. des filles jolies, fragiles et sexy, des garçons forts, imperturbables et actifs), des raisons pour lesquelles ils se retrouvent si souvent dans les photos de profil, et de la possibilité de les changer.
  • Ne pas tout prendre pour argent comptant : expliquez à votre enfant que tout ce qui est publié sur Internet n'est pas forcément vrai et que de nombreuses images sont retouchées.
  • Aiguisez son esprit critique pour qu'il aborde les contenus médiatiques avec le recul nécessaire et les remette en question.
  • Indiquez-lui ce à quoi il doit faire attention lorsqu'il prend un selfie, et expliquez qu'il vaut mieux éviter de faire des selfies gênants ou érotiques (→ Sexualité et pornographie).
  • Faites-lui comprendre que chaque photo peut être copiée, modifiée et diffusée à l'infini, et ne plus être effacée du net. D'où l'importance de lui apprendre à → protéger sa sphère privée !
  • Rappelez à votre enfant que la photo de profil est toujours publique, c'est-à-dire que tout le monde peut la voir (même les personnes qui ne sont pas dans sa liste d'amis).
  • Expliquez-lui les risques de la perte d'estime de soi, de la dépendance aux likes, du stalking, du harcèlement et de l'utilisation abusive des données personnelles.
  • Incitez-le à faire régulièrement le tri sur son profil et à supprimer les contenus gênants ou pouvant occasionner des réactions désagréables.
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Autres informations utiles

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