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Une adolescente en détresse est assise sur son téléphone portable.

Cyberharcèlement

Le cyberharcèlement consiste en attaques en ligne répétées visant à offenser ou à harceler une personne. Il peut s’agir de photos gênantes ressortant dans un tchat scolaire, de rumeurs odieuses publiées sur les réseaux sociaux, voire de menaces envoyées par courriel ou par messagerie instantanée. Ce qui peut n’être qu’une taquinerie au départ peut avoir de lourdes conséquences. Souvent, les victimes n’osent pas en parler. C’est pourquoi il est important de sensibiliser les enfants et les jeunes suffisamment tôt, de prendre au sérieux les signaux d’alerte et d’intervenir. En outre, les adolescents doivent savoir que le cyberharcèlement est punissable.

57%
DES JEUNES EN SUISSE ont été victimes d’insultes ou d’injures dans des messages privés cours des deux dernières années (JAMES 2024)
43%
DES 12-19 ANS ONT DÉJÀ insulté ou injurié quelqu’un dans des messages privés au moins une fois. (JAMES 2024)
30%
DES VICTIMES DE CYBERHARCÈLEMENT CONTINUENT À SOUFFRIR LONGTEMPS APRÈS LES FAITS. (CYBERLIFE V, 2024)
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Bon à savoir

Cyberharcèlement

Il s'agit de harcèlement en ligne. On parle aussi de cyberintimidation (cyberbullying) ou de cybermobbing. La victime est la cible d'agressions en ligne, par exemple par des services de messagerie comme WhatsApp, des posts sur Facebook ou sur des forums de discussion, et ce, de manière répétée et sur une longue période.

Souvent, elle connaît les auteurs du mobbing, que ce soient des camarades d'école ou de club, ou des voisins de quartier. Ils insultent, menacent ou rackettent leur victime, directement ou en usant de pression psychologique ; ils humilient, répandent des mensonges et des rumeurs. Mais à la différence du harcèlement  « traditionnel », les harceleurs en ligne ont plus de facilité à rester anonymes. Ils ont moins d'hésitations à passer à l'acte que s'ils avaient leur victime en face d'eux. Dans le monde virtuel, on peut attaquer sans donner son nom, blesser sans risquer de réaction en retour.

Pour la victime, les conséquences peuvent être terribles : perte de confiance en soi, crises d'angoisse, dépression. Dans une étude allemande menée auprès d'élèves, environ un quart des victimes de cyberharcèlement ont mentionné avoir eu des pensées suicidaires après les faits, l'un/e des cinq a bu de l'alcool ou pris des pilules (ètude Cyberlife III 2020).

De plus, les victimes ne se sentent plus en sécurité nulle part, car non seulement les humiliations se diffusent très vite, mais en plus elles les atteignent jusqu'à la maison, par le biais d'Internet. De plus, les atteintes à la personne publiées dans l'espace virtuel sont difficiles à effacer, elles peuvent sans cesse être lues ou visionnées à nouveau. Il est d'autant plus difficile pour la victime d'oublier et de surmonter les actes qu'elle a subis, ce qui ne fait que renforcer sa souffrance intérieure.

Les limites entre ce qui peut être considéré comme amusant et ce qui peut être ressenti comme blessant sont floues. Le (cyber)harcèlement commence lorsque quelqu'un se sent persécuté, harcelé ou insulté. Les jeunes sont rarement conscients de l'impact des photos humiliantes qu'ils diffusent sur Internet ou qu'ils se transmettent entre amis. Ces actes sont souvent considérés comme de simples plaisanteries. Il peut cependant aussi s'agir d'actions délibérées visant à porter atteinte à une personne.

Au cours des deux dernières années, les jeunes de 12 à 19 ans ont le plus souvent été victimes d’insultes ou d’injures dans des messages privés. Près d’un quart des jeunes en ont fait l’expérience au moins plusieurs fois. Moins d’un tiers n’a jamais fait cette expérience. Un*e jeune sur cinq a déjà été insulté(e) en public sur Internet, a subi des moqueries ou des insultes de la part d'autres personnes dans l'espace numérique ou a été exclu(e) de groupes en ligne. Un autre cinquième rapporte qu’au moins une fois, des photos ou des vidéos embarrassantes ou désagréables les concernant ont été diffusées. 7 % déclarent avoir subi au moins une fois des pressions ou des menaces en ligne. (JAMES 2024)

Les raisons peuvent être multiples. Dans une étude allemande, environ 6 % des élèves ont indiqué avoir déjà pris part à des actes de cyberharcèlement en tant qu'auteurs. La plupart ont invoqué comme motif des conflits personnels avec la victime. Ce qui est frappant, c'est que plus de la moitié des auteurs ont rapporté avoir déjà été victimes de harcèlement.

Mais les raisons des auteurs comprenaient aussi le simple ennui et la mauvaise humeur. D'autres auteurs ont également indiqué que commettre un tel acte leur a apporté de la satisfaction, qu'ils trouvaient cela cool ou qu'ils avaient seulement participé (étude Cyberlife V 2024).

Le harcèlement peut aussi donner une impression de pouvoir lorsqu'il s'agit pour son auteur d'un moyen de passer sa frustration, sa jalousie ou son agressivité. Les dynamiques de groupes jouent également un rôle, par exemple via des épreuves de courage. La plupart du temps, les auteurs de cyberharcèlement ne pensent pas aux conséquences de leurs actes ni à la perspective des victimes, et ignorent totalement que leurs agissements sont punissables.

Ce qui est interdit dans la vie réelle l'est aussi dans le monde numérique. Ni le harcèlement ni le cyberharcèlement ne sont mentionnés explicitement dans le Code pénal (CP), mais les actes de harcèlement, de menace ou d'humiliation à la base du cyberharcèlement tombent souvent sous le coup de la loi. Les auteurs se rendent alors coupables des actes punissables suivants :

  • accès indu à un système informatique (art. 143bis CP),
  • utilisation frauduleuse d'un ordinateur (art. 147),
  • détérioration de données (art. 144bis),
  • soustraction de données personnelles (art. 179novies),
  • extorsion ou chantage (art. 156),
  • diffamation (art. 173),
  • calomnie (art. 174),
  • injure (art. 177),
  • menace (art. 180),
  • contrainte (art. 181), etc.
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À quoi faut-il faire attention?

Quelques conseils à lui donner :

  • Garder à l'esprit qu'en donnant des indications sur sa personne ou en publiant des photos ou des vidéos sur les réseaux sociaux, sur des blogs ou des forums, on se rend vulnérable.
  • Se comporter de façon sensée et faire preuve de retenue avec ses données personnelles.
  • Conserver les mots de passe en lieu sûr et surtout ne pas les divulguer.
  • Utiliser les paramètres de protection de la sphère privée.
  • Ne pas accepter des demandes d'amis provenant d'inconnus.
  • Se comporter soi-même de façon respectueuse (nétiquette).

 

→ Sécurité et protection des données

 

  • Ne pas se laisser provoquer : ne jamais répondre aux humiliations et aux insultes.
  • Bloquer / effacer / signaler : si une personne vous harcèle, vous pouvez la bloquer. Si des photos ou des vidéos dérangeantes sont publiées, supprimez-les aussitôt, dans la mesure du possible, ou faites-les supprimer par l'opérateur de la plateforme.
  • Demander de l'aide et impliquer une personne de confiance : quelqu'un parmi vos amis, parents, enseignants, travailleurs sociaux en milieu scolaire ou autres personnes proches. Il est aussi possible de s'adresser 24 h sur 24 au service de conseil 147 par téléphone, tchat, SMS ou courriel.
  • Et le plus important : ne pas se faire de reproches ni se culpabiliser.
  • Faire des captures d'écran ou des copies des messages et des tchats insultants, des photos ou des vidéos dérangeantes : c'est important pour pouvoir montrer ce qui s'est réellement passé.
  • Eviter de le faire seul : vos parents ou une autre personne de confiance peuvent vous venir en aide.
  • Être attentif : d'autres que moi sont-ils victimes de cyberharcèlement ?
  • Ne pas participer, mais ne pas rester les bras croisés.
  • Chercher de l'aide pour porter secours aux victimes.
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Que peuvent faire les parents ?

  • Percevoir les changements est particulièrement important, parce que souvent, les victimes, mais aussi les auteurs ou les témoins de cyberharcèlement n'osent ou ne veulent pas en parler.
  • Signes possibles : votre enfant donne-t-il l'impression d'être oppressé, ou même agressif ? Se renferme-t-il ? A-t-il de plus en plus de problèmes de santé tels que maux de tête, de ventre, difficultés à s'endormir ? Ses résultats scolaires baissent-ils soudainement, est-ce qu'il évite les courses d'école, les voyages scolaires, les camps, ou est-ce qu'il ne veut même plus aller à l'école ? N'a-t-il presque plus aucun ami qui ne se manifeste ?
  • Se montrer compréhensif : prenez votre enfant au sérieux, prenez en compte ce qu'il vous dit.
  • Parler ouvertement de tout : qu'est-ce que votre enfant sait déjà sur le cyberharcèlement ? Faites des recherches avec lui et discutez de la question des limites, du moment où elles sont franchies et du comportement à adopter.
  • Créer une base de confiance : indiquez clairement à votre enfant qu'il peut s'adresser à vous à tout moment.
  • Prendre des mesures préventives. → Comment mon enfant peut-il se protéger?
  • Chercher soi-même des informations. → Autres informations utiles
  • Garder son calme : soyez à l'écoute et faites-vous une idée générale de la situation.
  • Aider à prendre des mesures immédiates : veillez à ce que la personne qui harcèle soit immédiatement bloquée. Rassemblez et conservez les éléments de preuve par des captures d'écran ou des copies des propos échangés et enregistrez les images. Supprimez ensuite - si possible - tous les contenus en ligne ou faites-les supprimer par l'opérateur de la plateforme.
  • Associer l'école : informez l'enseignant de votre enfant ou la direction de l'école lorsque des camarades sont impliqués. Évaluez ensemble s'il y a lieu de déposer plainte auprès de la police. Ne parlez pas vous-même avec les auteurs ou leurs parents.
  • Demander une aide extérieure : vous pouvez vous adresser aux centres de consultation cantonaux pour l'aide aux victimes (centres LAVI) ainsi qu'à la Prévention suisse de la criminalité, qui propose un premier conseil. → Autres informations utiles
  • Faire preuve de patience : les victimes ont besoin de temps pour rapporter ce qui leur est arrivé. Créez une atmosphère de sécurité et faites bien comprendre à votre enfant qu'il n'a commis aucune faute.
  • Prendre du recul : s'éloigner volontairement, pendant quelque temps, des messageries et des réseaux sociaux peut aider. Il ne sert cependant à rien d'interdire l'usage du mobile ou la navigation sur Internet : aidez plutôt votre enfant à faire un usage réfléchi des médias numériques. → Recommandations
  • En parler : faites bien comprendre à votre enfant que son comportement est blessant et peut même être punissable par la loi. Essayez aussi de comprendre ce qui l'a poussé à agir ainsi.
  • Sensibiliser : invitez-le à changer de perspective. Et si c'était lui la victime ? Faites-lui voir les conséquences et discutez avec lui de ce que veut dire un comportement respectueux (dans la vraie vie et dans l'espace virtuel).
  • Assumer les conséquences : discutez ensemble de la manière dont votre enfant peut assumer la responsabilité de ses actes. Comment peut-il s'excuser pour son comportement et réparer le mal commis ?

Important

En cas de problème, brisez le silence et parlez-en avec une personne de confiance.

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Autres informations utiles

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